Théâtre en décembre

 Explorer l'envers du décor :

(photo : Music-Hall de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Glysleïn Lefever, avec Françoise Gillard au Studio-théâtre de la Comédie Française).

Samedi 4 décembre, je suis allée à une visite historique de la Comédie-Française. Le guide et assistant du patrimoine nous a retracé l’histoire de la Comédie-Française, nous a emmené dans des endroits dérobés, non accessibles au public d’ordinaire. J’ai appris avec amusement qu’au 17^ème siècle, des spectateurs privilégiés pouvaient assister à un spectacle sur scène, ce qui pouvait perturber la pièce en raison de leurs réactions intempestives. Nous avons croisé furtivement des comédiens : Benjamin Lavernhe, Florence Viala, Sébastien Pouderoux. Nous sommes allés dans la salle Richelieu vide et semblait nous appartenir. Le décor du spectacle, « Les démons » était en cours de montage. C’est toujours impressionnant d’assister aux rouages de la machinerie théâtrale.

Spectacles : Loto de Baptiste Amann, mise en scène de Rémi Barché à Théâtre Ouvert du 7 au 17 décembre 2021. C’était une drôle d’aventure puisque j’ai participé aux répétitions du spectacle mais que j’ai ensuite abandonné. Le théâtre avait fait appel à des volontaires amateurs pour jouer des danseurs de Madison et interpréter de petits rôles. Pour l’occasion, j’ai donc appris le Madison avec la chorégraphe Anaïs Rouch. nous avons fait des lectures de la pièce avec Alix Fournier-Pittaluga, l’assistante à la mise en scène et le comédien principal, Arnaud Jolibois-Bichon. Nous avons ensuite répété nos interventions de danseurs de Madison sur le plateau avec les deux comédiens de la pièce, Arnaud Jolibois-Bichon, Bénédicte Mbemba et le metteur en scène Rémi Barché. Seulement, voilà, pour des raisons personnelles, j’ai quitté le projet. Toutefois, l’expérience a été instructive : assister et participer à un spectacle en train de se faire.
La pièce : Je suis allée voir la pièce en tant que simple spectatrice. Arnaud est la vedette des salles des fêtes et le roi des soirées loto. Sa fille, Bénédicte revient après une longue absence pour faire un documentaire sur lui. Les retrouvailles sont difficiles et houleuses. Rémi Barché met en scène une véritable animation de loto.  Des spectateurs sont conviés à s’installer à des tables de jeu sur scène. Lorsque les spectateurs entrent dans la salle, ils sont accueillis par l’animateur vedette volubile. Un groupe de danseurs de Madison, convaincus d’avoir priorité sur la location de la salle, déboulent et débarquent à plusieurs reprises au cours de la soirée. C’est un spectacle participatif, joyeux, émouvant. On assiste de jolis tableaux plongés dans la pénombre , comme des moments suspendus.

 Music Hall  de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Glysleïn Lefever au Studio-théâtre de la Comédie Française qui s’est joué jusqu’à fin décembre 2021. C’est quasiment la première pièce étonnamment de Jean-Luc Lagarce que je voyais après, « Règles du savoir vivre dans la sociéte moderne » au Festival d’Avignon long time ago. Spectacle vibrant et désenchanté. Il y est question d'envers du décor et de revers de la médaille. J’ai aimé cette ambiance, "fin de siècle", l’atmosphère d’un monde finissant teinté de nostalgie, d’espérance éperdue en dépit des désillusions. Comme tous les soirs, dans une ville ou une autre « la fille » raconte son music-hall dans lequel elle se produit. Nostalgie d’une époque réelle ou inventée. Elle se raccroche à des exigences : demander chaque soir quel est l’espace entre l’entrée et la scène, exiger d’avoir un tabouret sur scène…Pourtant, l’espace scénique qu’on lui impose, est exigu. Tous les soirs, ses deux boys sexy l’accompagnent et jouent tous les rôles. Gravité et anecdotes cocasses cohabitent dans la pièce. Le style et le langage déstructurés de l'auteur sont surprenants et singuliers : tout en brisure. Françoise Gillard est sublime. Ce rôle aux multiples facettes lui permet d’exprimer toute l’étendue de son talent.